L'Ombre Atlante [ Sydney ]

Radek vit Sheppard pénétrer dans son laboratoire, d’un air hésitant.

« Rodney a dit quelque chose tout à l’heure, n’est-ce pas ? »

« Oui. Il a dit ‘Ellean’.»

« Ellean ? »

« Ca vous évoque quelque chose ? »

« Et bien, oui mais… Ca n’a pas vraiment de sens ! »

« Dites toujours ! »

« Et bien, Ellean figure dans la base de données. C’est un Ancien qui… »

« Un Ancien ?! »

« Oui, un Ancien. Il a travaillé sur divers projets tout au long de sa vie. On sait qu’il a fait partie de ceux à rester sur Atlantis jusqu’à la dernière seconde, il tenait absolument à terminer ses projets… Il en a mené à bien un grand nombre, on a trouvé une salle remplie d’objets créés par lui, c’est vraiment, vraiment impressionnant ! »

« Est-ce que vous connaissez une raison quelconque pour que McKay ait prononcé son nom ? »

« … Pas vraiment. Dernièrement, on a trouvé un objet qui projette un hologramme, son hologramme, celui de Ellean. Il nous explique pratiquement la même chose que la projection holographique de la grande salle, mais c’est disons… plus personnel. »

« Est-ce que je peux voir cet hologramme ? »

« Et bien, oui, mais il faut savoir qu’on s’est rendu compte qu’il perdait de la puissance beaucoup plus vite que prévu, alors je ne suis pas sûr qu’il résiste à de nombreuses lectures. »

« De toutes manières, je suis certain que vous avez pris en note chaque détails alors s’il tombe en panne, qu’importe ! »

« C’est un vestige des Anciens, Colonel. Un message qui nous est adressé, c’est d’une valeur inestimable… »

« Mais peut-être que quelque chose dans ce message nous permettra de sauver des vies, et ça aussi c’est d’une valeur inestimable. »

« ... Oui, vous avez raison. Suivez-moi, je vais vous donner l’objet. »

Radek le mena jusqu’à un laboratoire où étaient entreposés et étiquetés de nombreux artefacts.

« Voilà, c’est celui-ci. Je vous laisse regarder… »

« Juste une chose : est-ce que c’est lui qui a créé le casque ? »

« Le casque d’omni-voyance ? Oui c’est exact, pourquoi ? »

« Pour confirmer un doute… »




« Humains de la Terre. J’espère que le transpondeur fonctionne, sinon je perds un temps précieux pour peu de chose… » sourit-il. « Je m’appelle Ellean Eraïgos. Je suis issu de la race des Lantiens, et si, comme je l’espère, notre race se perpétuera, enfin s’est perpétuée, vous êtes nos descendants. Je sais que c’est un vœu difficile que nous prononçons là, mais tous nos espoirs sont en vous. J’espère réellement que vous mènerez et emporterez les batailles contre les Wraiths. Si vous ne les avez pas encore rencontrés, ce dont je doute largement, je vous espère prêts à affronter la plus atroce des créatures n’ayant jamais existée. Nous perdons la guerre, et ce depuis des années. Nous sommes coincés ici, dans notre propre Création, la Cité d’Atlantis. Nous sommes pris à notre propre piège, et notre seule échappatoire est la Porte : la seule porte de cette galaxie à pouvoir rejoindre la Terre, notre planète d’origine, et la vôtre. Si vous voyez ce message, cela signifie que notre toute dernière mission a réussi : nous avons fuit vers la Terre, et la Cité d’Atlantis est restée enfouie sous les mers protectrices, à l'abri des monstres qui rôdent. J’espère que vous serez revenus avec la technologie nécessaire pour le combat final. Cette guerre a durée assez longtemps, il faut y mettre un terme : et vous êtes le seul espoir de l’univers… »

« Tu crois pas que tu en fais un peu trop ? » le coupa une voix souriante.

Un sourire se glissa sur les lèvres d’Ellean :

« Il est certain que si tes descendants sont aussi pessimistes que toi, les Wraiths ne sont pas près d’être vaincus ! »

« Si tu complimentes déjà des êtres qui ne verront le monde que dans de très nombreuses années, ils seront aveuglés par la vanité ! »

Se tournant vers la « caméra », Ellean dit :

« N’écoutez pas ce qu’il dit, vous avez un rôle important dans cette mission. »

« J’espère que tu auras raison cette fois-ci. Qu’ils réussiront à purifier nos terres à présent souillées par les Wraiths… »

« Je suis persuadé qu’ils y parviendront ! »

« Alors si tel est le cas, … »

L’image se brouilla et finit par disparaître.

« Nous n’avons jamais réussi à regarder le message jusqu’au bout : d’après nous, il reste encore quelques minutes d’enregistrées, mais je crains que l’objet ait été endommagé. La première fois que nous l’avons regardé, l’image était plus nette et le son était plus clair. On s’est rendu compte trop tard qu’à force de l’étudier, l’objet perdait de sa puissance et donc de sa qualité. »

« Et il n’y a pas un moyen pour remettre de l’énergie là-dedans ? »

« Il faudrait d’abord parvenir à comprendre le fonctionnement de l’appareil. »

« Vous l’aviez étudié pendant des heures, vous n’allez pas me dire que vous n’avez aucune idée de la manière dont il fonctionne ! » fit Sheppard.

« Pour optimiser le son et l’image, il faudrait d’abord parvenir à ouvrir le boîtier, Colonel ! Désolé mais les Anciens n’ont pas laissé sur place le mode d’emploi de leurs artefacts ! » s’irrita le Tchèque. « Maintenant si vous souhaitez trouver le moyen, libre à vous ! » fit-il en quittant la pièce.




Ronon venait de faire le tour des quartiers du Dr Stockes, par sécurité.

« Vous voyez, il n’y a personne. »

« Il est sûrement parti entre temps. »

« Oui, sûrement. » dit-il, peu convaincu.

« Vous devriez retourner à vos quartiers. » fit-elle, pas vraiment ravie de son comportement.

« Oui, vous avez raison. » répondit-il en se dirigeant vers la porte, puis il se retourna : « Vous venez ? »

« Qu-quoi ? » demanda-t-elle, surprise.

« Si quelqu’un vous menace, je ne vais pas vous laissez seule. Vous serez en sécurité avec moi, dans mes quartiers. »

Elle le considéra du regard un instant, et répondit, hésitante : « Je… Merci. »



« …avons fuit vers la Terre, et la Cité d’Atlantis est restée enfouie sous les mers protectrices, à l'abri des monstres qui rôdent. J’espère que vous serez revenus avec la technologie nécessaire pour le combat final… »

« John ? »

« Schh ! »

Sheppard était face à l’écran holographique, un bloc note et un crayon à la main.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

« ... certain que si tes descendants sont aussi pessimistes que toi, les Wraiths ne sont pas près d’être vaincus ! …»

« Aller, s’il te plait, fais-moi plaisir… » murmura-t-il.

« John ? »

En seule réponse, il leva la main le point fermé, pour lui faire comprendre qu’elle devait se taire.

« … N’écoutez pas ce qu’il dit, vous avez un rôle important dans cette mission… »

« Aller… Vas-y, je t’en prie… »

« …réussiront à purifier nos terres… »

« John, tu ne devrais pas être ici ! »

« Tais-toi ! » ordonna-t-il brusquement.

Effarée par son comportement, Teyla ne trouva rien à dire, et resta silencieuse à l’observer, inquiète. Il était penché sur la console, comme si la regarder de plus près la ferait mieux fonctionner.

« Alors si tel est le cas, … »

Comme les fois précédentes, l’image se brouilla et quelques secondes plus tard, il n’y eut plus rien.

« Non !! Mais c’est pas vrai !! » cria-t-il donnant un coup dans le bloc de papier qui atterrit par terre un peu plus loin. Teyla n’avait pu retenir un sursaut face à cet accès de violence, elle ne…

Et les paroles de Kate lui revinrent en tête… « On peut aussi noter des sautes d’humeur, des réactions inhabituelles comme des accès de colère... »

Le cœur battant elle demanda d’une voix faible :

« John ? »

Celui-ci avait pris sa tête dans ses mains, et murmurait :

« C’est pas vrai… C’est pas vrai, je t’en prie, ça doit marcher… Il le faut... »

« John ? » demanda-t-elle encore.

Faisant glisser ses mains dans ses cheveux, il releva les yeux vers elle. A cet instant, elle se rendit compte qu’il avait une tête à faire peur.

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il, comme à bout de forces.

Teyla prit une inspiration et dit prudemment :

« Tu… Tu es ici depuis plusieurs heures… »

« Je sais ! Oui, je sais, mais… Mais il faut que je le voie, je dois le voir jusqu’à la fin ! »

« De quoi tu parles ? »

« L’hologramme ! Je suis persuadé qu’il est là, quelque part… Il faut juste, juste que je puisse le regarder jusqu’à la fin, c’est pas grand-chose, juste… »

Se mordant la lèvre, elle tenta de contrôler les tremblements de sa voix : « Tu es persuadé que qui est là ? »

Il leva la tête, comme s’il s’apprêtait à répondre à une question qui lui paraissait évidente, et s’arrêta. Il regarda la jeune femme, puis son regard glissa vers le sol, comme perturbé.

« Tu crois… Tu crois que… Est-ce que je suis en train de devenir dingue ? » demanda-t-il d’une voix incertaine.

Des frissons lui parcoururent le dos quand elle entendit ce qu’il venait de dire. Enterrant ses doutes au plus profond d’elle-même, elle répondit :

« Non… Tu travailles depuis des heures, tu devrais te reposer, c’est tout… »

Essayant de reprendre le contrôle de lui-même, il répondit :

« Je crois que Rodney a regardé l’enregistrement jusqu’à la fin. Et je crois… Je crois que l’assassin l’a aussi regardé. Et que c’est pour ça que Rodney a parlé de Ellean, parce qu’il savait que Zelenka nous montrerait ça… »

« Et tu penses que si toi aussi, tu le vois jusqu’à la fin, tu parviendras à comprendre qui est l’assassin ? »

« Oui, je crois… » murmura-t-il.

Elle fit quelques pas et s’assit sur un tabouret à côté de lui. Elle posa sa main sur la sienne et lui dit simplement :

« Montre-moi. »

...

John et Teyla avaient passé toute la nuit à regarder le message en boucle sans parvenir à en voir la fin. Ils avaient fini par s’endormir quelques heures, ne pouvant plus lutter contre la fatigue, et maintenant qu’ils étaient réveillés ils cherchaient désespérément un moyen d’atteindre leur but.

« Peut-être… peut-être que si tu utilisais ton gène pour tenter de le faire fonctionner plus longtemps… »

« Non, j’ai déjà essayé, ça ne mène à rien… En plus de ça, l’appareil perd sa puissance à une vitesse folle, l’enregistrement perd en qualité… »

« On ne pourrait pas le brancher à une source d’énergie ? »

« Les scientifiques qui ont travaillé dessus ne sont pas parvenu à l’ouvrir. » dit-il en faisant tourner l’objet dans ses mains. C’était une sorte de demi sphère totalement lisse, hormis le cercle rouge central d’où émanait l’image.

« Tu as essayé de l’ouvrir toi-même ? Je veux dire, par la pensée ? »

Il regarda Teyla, se demandant comment il n’y avait pas pensé plus tôt. Il fixa l’objet et se concentra : ça devait fonctionner.

Teyla l’observait silencieusement. Il avait l’air exténué, et à bout de forces, mais il était toujours là. Elle avait l’intuition qu’il se sentait comme responsable, ou du moins comme celui qui devait résoudre la situation, et la résoudre seul.

Soudainement, elle vit une petite trappe jusqu’à lors invisible pivoter, laissant apparaître une étrange pierre. John la regarda, un sourire sur les lèvres, et elle put voir à nouveau dans ses yeux une étincelle d’espoir.

Il eut à peine le temps d’appeler Zelenka que celui-ci apparut dans la pièce, murmurant quelques paroles voulant sûrement dire « ce type est incroyable », ou un truc du genre – il avait besoin d’un remonte moral.

« Vous pensez pouvoir recharger ce truc ? »

« Mieux que ça, on en a en réserve… »

Radek chercha l’objet du regard, et alla chercher la petite pièce.

« On n’avait aucune idée d’à quoi ça pouvait servir, et jamais on s’est dit que ça ne pouvait être qu’un élément faisant partie d’une chaîne. »

Il ôta minutieusement la pierre de l’objet, et glissa la seconde dans l’encoche.

« Il n’y a plus qu’à espérer que celle-ci soit pleine. A vous l’honneur ! » dit-il en regardant John.

Celui-ci fit passer sa main au dessus du cercle rouge, et la lumière fut.

« Humains de la Terre. J’espère que le transpondeur fonctionne, sinon je perds un temps précieux pour peu de chose… » sourit-il. « Je m’appelle Ellean Eraïgos. Je suis issu de la race des Lantiens, et si, comme je l’espère, notre race se perpétuera, enfin s’est perpétuée, vous êtes nos descendants. Je sais que c’est un vœu difficile que nous prononçons là, mais tous nos espoirs sont en vous. J’espère réellement que vous mènerez et emporterez les batailles contre les Wraiths. Si vous ne les avez pas encore rencontrés, ce dont je doute largement, je vous espère prêts à affronter la plus atroce des créatures n’ayant jamais existée. Nous perdons la guerre, et ce depuis des années. Nous sommes coincés ici, dans notre propre Création, la Cité d’Atlantis. Nous sommes pris à notre propre piège, et notre seule échappatoire est la Porte : la seule porte de cette galaxie à pouvoir rejoindre la Terre, notre planète d’origine, et la vôtre. Si vous voyez ce message, cela signifie que notre toute dernière mission a réussi : nous avons fuit vers la Terre, et la Cité d’Atlantis est restée enfouie sous les mers protectrices, à l'abri des monstres qui rôdent. J’espère que vous serez revenus avec la technologie nécessaire pour le combat final. Cette guerre a durée assez longtemps, il faut y mettre un terme : et vous êtes le seul espoir de l’univers… »

« Tu crois pas que tu en fais un peu trop ? » le coupa une voix souriante.

Un sourire se glissa sur les lèvres d’Ellean :

« Il est certain que si tes descendants sont aussi pessimistes que toi, les Wraiths ne sont pas près d’être vaincus ! »

« Si tu complimentes déjà des êtres qui ne verront le monde que dans de très nombreuses années, ils seront aveuglés par la vanité ! »

Se tournant vers la « caméra », Ellean dit :

« N’écoutez pas ce qu’il dit, vous avez un rôle important dans cette mission. »

« J’espère que tu auras raison cette fois-ci. Qu’ils réussiront à purifier nos terres à présent souillées par les Wraiths… »

« Je suis persuadé qu’ils y parviendront ! »

« Alors si tel est le cas, … »

L’homme ne finit pas sa phrase. L’image trembla, et alors que les trois observateurs pensaient à un nouvel échec, ils se redirent compte que c’était l’enregistreur qui bougeait et non l’image diffusée.

« Ellean, il va falloir partir ! »

« Non, je dois terminer le message et… »

Une nouvelle secousse se fit sentir et un bruit sourd retenti.

« Ils ont besoin de toi pour immerger la Cité ! On doit y aller, maintenant ! » fit l’homme en passant devant l’objectif : tournant le dos à l’image, il prit Ellean par le bras en lui disant :

« Tu sais quoi, tu avais raison. ». Se tournant vers l’enregistreur, il le désigna du doigt : « Ce sont eux, notre seul espoir ! »

« Panebože ! »

L’enregistrement s’était arrêté, et l’image d’Ellean et son ami stagnait à présent au dessus de l'artefact. Incrédules, les trois équipiers ne parvenaient pas à dire un mot.

« C’est… »

Teyla n’en croyait pas ses yeux. John n’avait pas quitté l’image du regard, et confirma avec la même stupeur ce que pensaient les autres :

« C’est moi. »




Ronon frappa aux quartiers de Kelly, pour prendre de ses nouvelles… Ils s’étaient quittés à l’aube, chacun ayant des choses à faire. Dans d’autres circonstances, la situation leur aurait certainement parue déplacée, mais ils étaient parvenus à s’endormir tous deux dans le lit du Satédien.

Il ne savait pas pourquoi, mais il devait lui parler. Cette femme… elle l’intriguait. C’est vrai, elle semblait si forte et si faible à la fois… C’était étrange, et puis son parfum… Il ferma les yeux et se passa une main sur la nuque. C’était vraiment pas le moment de penser à une femme…

Il soupira et frappa encore à la porte. Il attendit un instant, et dit :

« Docteur Stockes, vous êtes là ? »

Restant sans réponse, il décida d’entrer. Pénétrant dans l’appartement à pas de loups, il prit son stunner et avança prudemment. Il fit rapidement le tour des lieux, et ne vit personne. Elle était sûrement au mess, ou à l’infirmerie… C’était vraiment idiot d’entrer dans ses quartiers comme ça, lui aussi commençait à devenir – comment disaient-ils ? Ah oui – paranoïaque. Puis ce n’était vraiment pas son genre de s’inquiéter comme ça pour… Un bruit fit couper court à ses pensées. C’était un bruit étrange, comme… un gémissement… Il s’approcha du lit, et trouva Kelly presque cachée en dessous, gisant sur le sol : une tâche de sang grandissante apparaissait sur son t-shirt…




Laura était à l’infirmerie avec Carson quand ils virent le runner débouler dans l’infirmerie, avec Kelly dans ses bras. Le médecin lui montra un lit et donna divers ordres à ses subordonnés qui s’affairaient autour de la jeune femme ; Ronon sentit une main se poser sur son bras, et se laissa convaincre par Cadman d’attendre à l’extérieur. A peine eut-il tourné le dos qu’un rideau se glissa entre l’équipe médicale et lui.

Cela faisait bien une heure qu’ils attendaient que Beckett sorte du bloc. Kelly avait été blessée par une arme à feu, et même si Ronon n’avait pas pris le temps de repérer avec exactitude la localisation de la blessure, il savait que cette pourriture avait visé le cœur. Il espérait pour lui qu’ils ne se trouvent jamais face à face, car sinon jamais l’autre ne s’en sortirait vivant.

Après d’interminables minutes de silence, il dit comme pour lui-même :

« C’est de ma faute. »

« Quoi ? »

« Elle savait qu’il s’en prendrait à elle. Il était entré dans ses quartiers, elle savait qu’il recommencerait, elle me l’avait dit ! Et je l’ai pas crue… »

« Ce n’est pas de votre faute, Ronon. Qu’auriez-vous pu faire de toutes façons ? »

L’ex-runner la regarda dans les yeux et répondit : « Je l’aurais protégée… »

« Je suis sûre qu’elle va s’en sortir. »

« Comment pouvez vous en être aussi sûre ? »

« Carson est le meilleur, ayez confiance en lui ! »

« Confiance en lui ? Il n’a même pas confiance en moi… » fit-il avec un léger sourire.

« Ni vous en moi ! » rappela-t-elle malicieusement. « J’ai entendu parler de ça. »

« Désolé. »

« Je ne suis pas rancunière. » sourit-elle, quand ils furent interrompus par Beckett :

« Comment elle va ? » demanda Ronon de but en blanc.

« Elle va bien, son état est stable. On a réussi à arrêter l’hémorragie à temps, elle devrait se réveiller d’ici quelques heures. » expliqua le médecin.

« Je peux la voir ? »

Le médecin hésita une seconde, et finit par acquiescer. Il regarda le Satédien partir et Laura se tint à son bras en lui murmurant :

« Tu as fait le bon choix. »

...

Cela faisait plusieurs heures que le Satédien était au chevet de Kelly. Il ne cessait de se répéter que s'il était resté avec elle, rien de tout ça ne serait arrivé.

Cette femme... Cette femme avait un terrible pouvoir sur lui. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas ressentit une telle chose, et d'ailleurs il s'était souvent demandé s'il était encore capable de ressentir quoi que ce soit... Toutes ces années passées à l'écart de toute civilisation avaient fait de lui quelqu'un d'autre... Toutes ces années à tenter de survivre...

Son regard perdu sur la jeune femme, qui venait de se réveiller, une idée naquit en lui : qui sait, peut-être, qu'à présent il pourrait simplement tenter de vivre ?

« Ronon ? »

« Hey, Kelly… » dit-il en se levant de sa chaise, s’approchant du lit.

« J’ai mal… »

« Je sais, mais vous ne devez pas parler, rester calme, d’accord ? Je vais appeler Beckett pour qu’il… Kelly ? » demanda-t-il en voyant que la jeune femme avait refermé les yeux.

Rouvrant lourdement les paupières, la jeune femme répondit dans un murmure : « Je suis toujours là… »

Le Satédien sourit, et lui dit : « Je vais chercher le Docteur Beckett, d’accord ? »

Elle acquiesça d’un battement de paupières et chuchota faiblement en lui serrant la main : « Revenez vite… »

Quelques secondes plus tard, le médecin déboula dans la pièce, s'empressant de vérifier tous les écrans liés de près ou de loin à la jeune femme. Il écouta attentivement son coeur, et après plusieurs minutes d'inspection sous toutes les coutures, il se décida à prendre le tabouret et s'asseoir à côté de la jeune femme.

« Tu as eu de la chance. Beaucoup de chance. Tu as frôlé le pneumothorax, la balle n’est passée qu’à quelques millimètres de ton poumon gauche, et par je ne sais quel miracle, elle n’a touché aucune artère. Elle est ressortie de l’autre côté en laissant une plaie nette, elle n’a fait que déchirer des tissus, mais rien de bien grave… »

« Si je comprends bien, je dois m’estimer heureuse d’avoir mal ? »

« C’est ça. » sourit le médecin.

« Qui… Qui m’a trouvée ? »

Carson sembla hésiter un peu et répondit : « Ronon. Il t’a sauvé la vie… »

Elle ferma les yeux et murmura : « Je le déteste… »

« Quoi ?! » demanda-t-il, étonné.

« Dex… »

« Mais pourquoi ?! »

« Parce-qu’à chaque fois qu’un type me sauve la vie… »

Elle laissa sa phrase en suspend et poussa un long soupir.

Carson et elle s’étaient rencontrés dans la rue, en face de l’hôpital où ils travaillaient tous les deux à l’époque. Elle s’apprêtait à traverser la rue quand un dingue avait déboulé en voiture, manquant de la renverser… Si Carson n’avait pas été là…

L’Ecossais sourit et lui demanda :

« Je dois comprendre que tu craques pour lui ? »

Un an après leur rencontre, ils s’étaient fiancés…

« Pour à jamais purifier l’univers… » murmura-t-elle.

« Quoi ? »

« Je viens de me rappeler. » dit-elle les larmes aux yeux. « C’est… c’est ce qu’il a dit, je me souviens ! Pour à jamais purifier l’univers, il a... »

« Calme-toi, tout est fini maintenant. Ca va aller. »




Dans le laboratoire, Radek, John et Teyla étaient toujours aussi dépassés.

« Comment est-ce possible ? » demanda Teyla, incrédule.

« Ça ne l'est pas !! »

« A vrai dire, si, mais disons très improbable... Vraiment très improbable... »

« C'est à dire ? »

« Et bien... on se doutait bien qu'un certain nombre d'entre nous, dont le Colonel Sheppard, étaient des descendant directs des Anciens, mais de là à faire face à une telle ressemblance, c'est... »

« Déconcertant ! » fit une voix derrière eux.

Se retournant brusquement, les trois collègues virent le Docteur Grodin sur le pas de la porte.

« Que faites-vous ici ? » demanda Zelenka.

« Euh, j'ai juste... Je vous cherchais, et j'ai entendu du bruit en passant, alors je voulais vérifier que tout allait bien. Vous êtes parvenus à visualiser le film jusqu'à la fin ? » finit-il en pointant l'objet du doigt. Sheppard s'empressa de passer sa main au dessus du demi globe pour faire disparaître l'image, et dit sèchement en quittant la pièce :

« Non, on n'a rien vu du tout ! Merci Radek. »

Il partit d'un pas vif, suivi par Teyla :

« John, attends ! »

« Non !! » fit-il en se tournant vers elle. « Je sais ce que tu penses, et... et non ! »

Sous son regard intrigué il continua, en reculant : « Je ne suis pas... Je... Je sais que ton peuple est totalement en admiration devant les Anciens, et... Et ce n'est pas le signe de quoi que ce soit, d'accord ?! Je n'ai rien à voir avec ça, ce n'est pas moi, c'est juste... Juste une coïncidence ! »

Teyla acquiesça et lui demanda calmement : « Est-ce que c'est moi ou toi que tu essaies de convaincre ? »

« Ce n'est pas possible... Rien, rien de tout ça n'est possible... Bon sang, Teyla ! On voit un type qui est mon portrait craché sur une super-vidéo qui date d'il y a dix mille ans ! Et cette vidéo a été tournée par un certain Ellean, un type dont on ne sait rien à part que Rodney, à l'article de la mort, a prononcé son nom, et que ce type, oui ce même type a créé un casque que j'ai initialisé y'a deux mois et qui me fait avoir des visions du futur ! Et ces visions, ces visions elles sont de plus en plus réalistes, elles me rendent dingue, Teyla, tu comprends ça ?!! Je vois, j'ai vu et je vois encore la manière dont il a tué ces gens, je connais chaque détail, comme si j'y étais ! Mais c'est ça le problème, je n'y étais pas, je n'ai rien à voir avec tout ça, et je n'ai rien demandé à personne pour le voir !! » cria-t-il.

Elle le regarda et fit un pas vers lui, mais il recula aussitôt :

« Non ! Non, je ne veux pas que tu fasses ça ! Je ne veux pas que tu... que tu sois avec moi, tu comprends ça ?! Il, il y a un lien entre ce type et moi, un lien que je comprends pas, et j'ai... J'ai peur... S'il t'arrivait quelque chose, jamais je pourrais me le pardonner... »

« John... »

« Vas t'en !! » cria-t-il en reculant d'avantage. « Je t'en prie, je veux pas te faire de mal... » murmura-t-il en lui tournant le dos.

Elle le regarda partir, ne sachant quoi faire. Elle n'avait aucune idée de quelle manière l'aider...

C'était son combat. Un combat où il n'y avait que lui et cet autre...

Il devait le faire, oui, il devait le faire... Seul.




Quelques minutes plus tard, Ronon était de retour dans la chambre de Kelly.

« Le Docteur Beckett m'a dit que vous vous étiez rappelé quelque chose ? »

La jeune femme hocha simplement la tête, encore sous le choc.

« Est-ce que... Est-ce que vous vous rappelez sa voix ? »

« Je... Je sais pas, je sais plus... C'est flou, c'est tellement flou... »

« D'accord, c'est pas grave Kelly, ça... »

« C'est pas grave ? Bien sûr c'est grave enfin ! Je suis la seule personne en vie à pouvoir nous apporter des informations sur ce fou furieux, et j'arrive même plus à faire la part des choses ! »

Elle ferma les yeux et posa une main sur sa bouche, pour étouffer un sanglot, détournant le visage. Ne sachant trop quoi faire, Ronon s'assit sur le bord du lit, et glissa une main sur la joue de la jeune femme. Écartant les larmes et des mèches blondes de son visage, il s'approcha et déposa un baiser sur sa joue. Kelly enfouit sa tête dans le cou du Satédien, qui en fut d'ailleurs un peu surpris, et se laissa aller dans ses bras.

...

Il fait nuit, il fait nuit noire. Il ne parvient à distinguer rien d'autre que... que rien.

Il ne sent pas, le vent sur sa peau, il n'entend pas, le bruit des flots, il ne sait pas, ce qu'il fait là.

Il ne sait même pas, où c'est, ce là...

Ses yeux, roulent sous ses paupières.

Il cherche, un détail, quelque chose, d'autre que la nuit, la nuit noire.

Bouge sa main gauche.

Et sent, le souffle... Doux, souffle chaud, apposé contre sa main...

Effort, surhumain presque, bouge doucement les doigts, cherche à comprendre.

Bouge, sa tête, aouch... mauvaise idée, dans le noir, tout tourne, même s'il n'y a rien...

Sensation étrange, le souffle, sur sa main, disparaît - Non !!

Il ne veut pas ! Qu'elle revienne, Dieux, qu'elle revienne !

Dans sa main, il sent, la peau, douce, de l'autre main...

Elle n'est pas partie...

Puis, il entend, au loin, puis plus près, le son, sa voix, Rodney, elle est là...

Effort, nouvel effort, encore plus lourd, cette fois, ses paupières, doucement se soulèvent... Tout est flou, mais rien n'est plus noir, il ne voit pas encore très bien, mais il sait, à présent...

Elle est là.




John était accoudé à son balcon, fixant l'immensité océanique. Il pensait... il pensait à tout ça... Surtout à lui... Sa radio grésilla... on ne pouvait donc pas être tranquille quelques instants dans cette fichue cité !

« Sheppard. »

# Colonel, ici Caldwell. #

« Qu'est-ce que... »

# J'ai demandé à vos technicien de transférer cette communication directement sur votre oreillette, puisque apparemment vous étiez introuvable... #

« Que se passe-t-il encore ? »

# Les Colonels Mitchell et Carter, ainsi que le Docteur Jackson pensent avoir une piste qui pourrait vous intéresser... #

John soupira. Comme s'ils imaginaient quoi que ce soit de tout ce foutoir...

« J'écoute. »

Au bout d'une dizaine de minutes, John était toujours en train de hurler dans sa radio :

« Hors question que quiconque débarque sur cette Cité, est-ce que c'est clair ? »

# Sheppard, je comprends vos réserves, mais s'il s'agit bel et bien d'un Goa'uld, on vous sera d'une grande utilité en bas ! # fit Carter.

« Mes réserves ? Écoutez, je ne vais pas risquer vos trois vies sur une hypothèses, alors je vous interdis de... »

Il entendit un bruit, comme si la communication avait coupé, et la voix de Caldwell se fit entendre :

# Mitchell, Carter et Jackson viennent d'être téléportés en salle d'embarquement. Ce n'était ni une requête, ni un conseil, Colonel. Communication terminée. #

John n'eut même pas le temps de donner son avis à ce crétin de chauve qu'une nouvelle communication lui parvint :

# Mon Colonel, ici Lorne. Nous avons des invités... #

« Oui, je sais... J'arrive, conduisez-les en salle de réunion, et retenez l'envie de vider vos chargeurs sur eux. »

# Bien Monsieur. #




« Est-ce que vous êtes inconscients ou juste totalement stupides ?!! » cria Sheppard.

Lorne, dans le fond de la salle, se retint de sourire. Sheppard, le John Sheppard, faisant face à SG-1, presque au complet, et leur passait un savon... Il se demandait si la présence de Teal'c aurait adoucit quelque peu la colère de son supérieur... Parce que là, il était vraiment mais alors vraiment très en colère.

« Hey, baissez d'un ton, compris ?! On est venu vous apporter notre aide, aux dernières nouvelles ! »

« Vous n'avez aucune idée de ce qui se passe sur cette Cité, et aucune idée de la manière dont on gère cette situation ! »

« Oui, et bien apparemment il semblerait que justement, vous ne la gérez pas ! »

Quelle bande de salopards imbus d'eux-même...

Bon, okaay, ils avaient sauvé la Terre, patati, patata, sauf que Messieurs Dames avaient l'air d'oublier qu'ils n'avaient pas toujours raison. Il savait de quoi il parlait, enfin ! Pff, mais comment expliquer à cette bande d'imbéciles qu'il était psychiquement lié à un psychopathe, hein ?

Bon sang, une fois tout ça bouclé, il irait dire deux mots à ce Caldwell de ses... Okay, note pour plus tard, passer moins de temps avec Zelenka, l'habitude de jurer au bout de chaque phrase semblait être contagieuse.

« Ecoutez, je crois qu'on est parti sur un mauvais départ... » commença Jackson.

Super, au moins un type légèrement sensé dans cette cité, youpi...

« Peut-être que vous n'êtes pas de cet avis, mais de toute manière, maintenant, on est là alors autant qu'on vous file un coup de main, non ? »

John secoua la tête, et fit :

« D'accord, vous n'avez qu'à, je sais pas moi, vous arranger avec Bates... Il... »

Son regard fut attiré par Lorne, qui était sorti de la pièce : il discutait avec Beckett. John fronça les sourcils, se demandant ce qui allait encore leur tomber dessus, puis s'excusa auprès de l'équipe Terrienne, et sortit de la salle. Il s'approcha de Lorne, alors que Carson retournait à l'infirmerie.

« Un problème ? »

« Non monsieur. En fait, plutôt une bonne nouvelle. »

John le questionna du regard, et Stephen répondit, à demi-voix :

« McKay. Il est de retour. »

Il lui fit un signe de tête, et s'apprêta à retourner dans la salle de réunion, quand John l'interpella, et dit en souriant :

« Lorne ! Vous n'aviez pas parlé d'une bonne nouvelle ? »

...

Nicholas tanguait d'une jambe à l'autre. Il commençait à s'ennuyer un peu. D'ici dix minutes, son tour de garde serait terminé, et il pourrait aller pleinement se reposer... ouais, enfin, jusqu'à la prochaine alerte. Fiou, il aurait mieux fait de rester sur Terre, hein, avec sa jolie dernière petite copine en date... comment s'appelait-elle déjà ?

Il sortit de ses pensées en voyant un type arriver, pratiquement en courant vers lui.

« Aidez-moi, s'il vous plaît ! »

Sa tête lui disait quelque chose, il avait sûrement dû déjà le croiser, mais bon, il n'avait pas trop la mémoire des noms...

« Il y a un problème ? »

Le type se dirigeait vers lui en titubant à moitié, s'appuyant contre le mur :

« Je vous en prie... Il... Il a essayé de me tuer... » souffla-t-il.

Nick s'approcha de lui, et le soutint pour éviter qu'il ne se laisse tomber par terre.

« Qui ça ? Et où ? »

« L'homme, dont on parle... Il... »

« Où était-il ? »

Le type, à moitié accroché au cou de Nick, le regarda dans les yeux, et lui dit doucement :

« Juste devant toi... »

Puis avant qu'il ait le temps de faire le moindre mouvement, planta une aiguille dans sa jugulaire. Quelques secondes plus tard, Nick se sentit comme s'évaporer.

« Je suis vraiment désolé, Nicholas. »




John était accoudé au balcon surplombant la porte. Il observait SG-1 et Bates, tentant de se mettre d'accord sur il-ne-savait-quoi. Il préférait rester à l'écart de leurs investigations... il avait déjà assez à faire avec les siennes... Alors que son regard hasardait, il vit Heightmeyer monter les escaliers, et se diriger vers lui.

« Colonel Sheppard ! »

« Docteur, que me vaut ce plaisir ? »

« J'ai appris que trois personnes qui étaient à bord du Daedalus ont débarqué sur Atlantis ? »

« Et bien, les nouvelles vont vite, on dirait ! »

« Oui, et c'est bien ce qui me fait peur ! Ce n'était pas une bonne idée, John. »

« Je n'ai pas eu le choix, Kate. »

« Peu importe, le résultat est le même : c'était une très mauvaise idée ! »

« Expliquez-vous. »

« On ne peut pas prévoir ce qu'un tel changement de situation va engendrer chez notre homme. »

« Notre homme ? Ecoutez, je ne vois pas ce qu'on peut y faire. »

« John, ce que j'essaie de vous expliquer, c'est qu'il est fortement possible qu'il perçoive cette arrivée comme un danger, ou encore comme un signe ! Cela a de très grande chance d'être un déclencheur, ce qui signifie qu'il va frapper encore plus fort que les dernières fois, est-ce que vous comprenez ? »

« En clair, on sait qu'il va réagir, on se doute de comment il va réagir, mais ce qu'on ne sait pas c'est quand et par quels moyens ? »

« C'est à peu près ça, je le crains. »

John soupira. Ce qu'il savait, c'est que lui, quand Mitchell et les autres avaient débarqué, il était en colère. Très en colère...



Teyla marchait dans les couloirs de la Cité. Elle réfléchissait, à tout et à rien. A John.

Elle ne savait pas comment tout cela allait se terminer, mais... Elle espérait qu'après, lui et elle, pourraient parler un peu. Oui, c'est ce dont ils avaient besoin. De parler, de se retrouver.

En tous cas si elle était perdue pour l'instant, Ronon avait l'air d'avoir trouvé quelque chose. Elle l'avait croisé, et ils avaient un peu parlé. Il lui semblait différent. Une fraction de seconde elle s'était demandé si il s'était pas amoureux... Se disant aussitôt que John aurait trouvé cette idée, disons, surprenante - aberrante ? - , venant du Satédien.

Décidément, toutes ses pensées convergeaient vers lui...

Alors que le couloir était vide, elle vit quelqu'un débouler :

« Mademoiselle Emmagan !! »

« Docteur Grodin ? Que se passe-t-il ? »

« Il y a un soldat, à terre là-bas, vite venez ! » fit-il à moitié paniqué.

« Vous avez appelez des renforts ? »

« J'ai bien essayé, mais ma radio ne fonctionne pas, c'est vraiment étrange... Et vous êtes la première personne que je croise !»

Quand ils arrivèrent là où le soldat reposait sur le sol, Teyla eu pour réflexe de s'accroupir près de lui, prenant son pouls.

« Il est vivant ! » dit-elle.

Puis elle porta sa main jusqu'à son oreillette, essayant d'appeler des secours :

« Une équipe médicale... »

Soudain, elle sentit une douleur dans le cou. Comme si quelque chose venait de transpercer sa peau... Et petit à petit... Tout devint flou... Elle ne distinguait plus très bien le soldat au sol... Ni... Ni le mur... Tout se mettait à tourner soudain, et... Elle essaya de se relever mais ses jambes... Ses jambes l'avaient lâchée... Il fallait... Il fallait qu'elle parte... C'était...

Elle tenta de rouvrir les yeux et de combattre le sommeil qui l'attirait soudainement, mais il était plus fort qu'elle... Elle glissa sur le sol, et alors qu'elle était à peine consciente, elle pu voir Peter s'accroupir près d'elle, et l'entendre lui chuchoter :

« Ne vous inquiétez pas, Teyla, il viendra... Il viendra. »

...

John fixait la Porte qui lui faisait face, se disant qu'elle était à la fois la cause et la clé de leur problème... Atlantis... Et tout ce qu'elle pouvait renfermer, tous ses mystères, ses secrets...

Il entendit des pas dans son dos, et se douta que c'était Mitchell qui venait de descendre les marches quatre par quatre pour le rejoindre.

« Sheppard, je peux vous parler ?! »

Pas manqué.

« Bien sûr... »

« J'ai discuté avec votre médecin, il m'a expliqué votre théorie sur le psychopathe. »

« Je dois en conclure que vous avez lâché votre théorie sur les Goa'ulds et que vous allez retourner sur le Daedalus ?! » fit John d'une ironie grinçante.

« Non, au contraire. Il m'a expliqué que la schizophrénie est détectable vers vingt ans. Or personne ne faisant partie du programme SG n'aurait été admit si on avait su qu'il était malade. »

« Oui, c'est exact... Est-ce que le nom de Kelowna vous dit quelque chose ? »

« La planète où des scientifiques sont devenu dingue après avoir travaillé sur du naquadriah ? J'ai lu les rapports. »

« Et bien je les ai lu aussi ! »

« Le fait est que personne ne travail là-dessus ici ! »

« Le fait est qu'on travail sur bien d'autres choses ! »

« Sheppard, écoutez ! On est dans le même camp, d'accord ?! Tout ce qu'on cherche à faire, c'est vous aider ! »

« J'ai déjà une crise à gérer, désolé si je n'ai pas en plus envie d'avoir sur les bras les petits copains de Caldwell ! »

« Hey ! Nous ne sommes pas sous ses ordres, ok ?! J'ai au moins autant d'estime que vous pour Caldwell, alors on pourrait quand même essayer de travailler ensemble, non ?! »

John s'apprêtait à répondre quand Lorne débarqua, à l'autre bout de la salle de contrôle :

« Mon Colonel !! »

« Bon sang, y'a pas moyen d'avoir une conversation tranquille dans le coin ou quoi ?! » fit Cameron.

« Non jamais, et si c'est avec une femme alors encore moins ! » lança John, en allant à la rencontre de son subordonné dans la salle de contrôle.

« Qu'il a-t-il ? »

« On vient de retrouver le Sergent Romance inconscient. »

« On a un type qui s'appelle Romance ?! Euh, ok, comment il va ? »

« D'après Beckett, on lui a injecté une forte dose de sédatif. Il va dormir pendant de nombreuses heures, mais sa vie n'est pas en danger. »

« D'accord », John s'arrêta un instant et chercha des yeux Grodin. A sa place, il trouva un autre technicien dont il ignorait le nom.

« Hey, vous, affichez-moi la carte de la cité ! »

Au bout de quelques secondes, Atlantis apparut sur un des écrans muraux :

« Dans quel secteur est-ce qu'on l'a trouvé ? »

« C'était ici, juste dans l'aile ouest. Ce qu'il y a d'étrange, c'est qu'on n'a rien repéré d'autre dans le coin. »

« Peut-être que quelqu'un l'a empêché de finir le sale boulot... »

« Je ne crois pas, Monsieur, Romance ne possède pas le gène ATA. »

John soupira, et ferma les yeux un instant.

« Monsieur ? On fait quoi ? »

Il releva les yeux vers la carte, sans trouver de réponse. Il y avait quelque chose. Il avait l'impression, cette impression désagréable, comme quand on a oublié quelque chose d'important, mais qu'on a pourtant sur le bout de la langue...

Voyant son supérieur sans réponse, Lorne ordonna à son équipe de se déployer dans le périmètre, pour vérifier que rien ne leur avait échappé. Sheppard l'entendait distribuer les ordres, sans vraiment en percer le sens. Tout ça lui semblait au loin, alors qu'il fixait longuement l'écran, comme s'il espérait voir à travers... John... Sa voix lui parvint comme un murmure, proche et lointain à la fois, et puis soudain, des flashs, des images...


Il y avait Teyla, là, juste contre lui, lui offrant son plus beau sourire :

« J'ai encore gagné ! »

« C'était de la triche ! »


Il avait l'impression que plus il chassait ces images de sa tête, plus elles revenaient en force, et le submergeaient...

Il faisait maintenant nuit, ils étaient tous les deux allongés sur son lit, à se contempler, profitant de ce calme éphémère que leur apportait la Lune atlante. Du bout des doigts, il retraçait les lignes de son visage, comme s'il le voyait pour la première fois, comme pour le graver dans sa mémoire...

« Mon Colonel ? »

Dans sa tête, tout se mélangeait, il ne savait plus distinguer le passé du présent, il ne voyait plus de différence entre les visions et la réalité, il...

« Mon Colonel ? »


« Je t'aime tellement... »


Il le vit sortir discrètement de la pièce, après lui avoir adressé un regard reconnaissant... John le gratifia d'un sourire... L'autre, venait de l'échapper belle...


« Mon Colonel !! » insista Lorne en posant une main sur son bras.

« Grodin ! » dit John en sortant de sa transe.

« Quoi ? »

« C'est... c'est Grodin ! »

« Euh, je, je ne sais pas où il est, on va le faire appeler si vous voulez, mais pour l'instant... »

« Non, vous ne comprenez rien, c'est Grodin, c'est lui, le tueur ! Et il est là, fit-il en désignant un point rouge sur la carte, il est là dans le... »

John s'interrompit alors que son regard se fixait sur le plan.

« Dans le gymnase... »

« Qu'est-ce que... »

Deux points clignotaient à l'écran, dans le gymnase...

« Qui est avec lui ?! » demanda-t-il soudain en plantant son regard dans celui de Lorne.

« C'est ce que j'essayais de vous dire, Monsieur... » répondit Stephen, le plus calmement que possible. « D'après nos gars,... Il s'agit de Teyla. »

...

« John ! »

Sheppard venait juste de débarquer sur cette espèce de champ de bataille qui se trouvait devant le gymnase. Il y avait du monde, beaucoup trop de monde.

« Je n'ai pas le temps, Carson ! »

« Je sais, je voulais juste que vous sachiez que... »

Le soldat lui fit brusquement face, le regardant dans les yeux comme s'il y cherchait quelque chose.

« Que quoi, Carson ?! » demanda-t-il sèchement.

« Que... que mon équipe est prête à gérer n'importe quelle situation, je veux dire... »

Le regard de John s'échappa vers ailleurs, et n'écouta pas la fin de la phrase. Il y avait Zelenka, avec d'autres types en bleu autour de la porte, en train de trafiquer il ne savait quoi. En plus de l'équipe médical de Beckett, il y avait aussi ses hommes à lui, et tout ça formait un joyeux bordel.

Il y avait trop de monde, bien trop de monde. Tout ça n'était pas bon, il y avait trop de monde, trop de gens, trop de vies, trop de coeurs battants, d'adrénaline, trop de tension... Trop de panique...




Il y avait du monde, derrière la porte. Il les entendait, ils étaient là, oui, ils étaient tous là. Certains chuchotaient, certains criaient, il pouvait sentir... l'adrénaline, l'élixir qui s'écoulaient dans leurs veines à tous, cette excitation, mélange de peur et d'euphorie, oui, ils étaient tous là à l'attendre...




Il fonça en direction de la porte, près de l'attroupement bleu ciel, que tentait de gérer Lorne.

« Je peux savoir ce qui se passe, bon sang ?! »

« Il a bloqué les commandes de la porte, de l'intérieur. Il a sûrement du enlever des cristaux, on n'en sait rien encore. » répondit Zelenka.

« Je veux que vous m'ouvriez cette porte, c'est clair ? S'il faut vous y mettez du C4, je m'en contre-balance, mais ouvrez là !! » cria-t-il.




La créature était allongée à même le sol, elle dormait, paisiblement... Ou elle semblait dormir... Il voyait sa poitrine bouger à chaque inspiration, il voyait ses yeux glisser sous ses paupières, il connaissait la puissance de ces êtres, il savait leur résistance au Pouvoir Suprême, mais ce qu'il savait aussi, c'est que si lui, gardait la bête ainsi endormie, alors son Maître, oui, l'Elu lui-même viendrait, et détruirait cette créature du mal...

Cela faisait des semaines, des mois même que l'Elu jouait un rôle, qu'il la gardait auprès de lui, feignant l'ignorance sur sa véritable nature, semblant, l'apprécier, semblant même l'Aimer. Mais ce n'était que pour mieux piéger cette créature de destruction, cette épouse du Mal, cette fille des Démons... Cette fille des Wraiths...



John tournait comme un lion en cage, sous le regard de ses coéquipiers. Il fallait qu'il trouve, il fallait absolument qu'il trouve quelque chose, il fallait qu'il entre, il le fallait... Si seulement il ne l'avait pas éloignée, s'il ne l'avait pas fuie... Il pensait la protéger en l'écartant, mais ça n'avait servi à rien... Cet autre, il était son opposé comme son complément, il était comme son côté obscure, il était comme cet homme capable de décimer des commandos Genii entiers, comme cet homme capable de tuer des Wraiths à la volée, capable de bombarder des villes entières... Il était cette partie de lui qu'il haïssait au plus profond de lui même, mais cette partie de lui qui existait quoi qu'il en dise... Pour savoir ce que l'autre ferait, il devait se demander comment lui, il agirait... Et ça lui faisait peur de savoir de quoi il était capable...



Il était à présent près de la fenêtre, observant le soleil tendre vers l'horizon... Bientôt il se coucherait... Et quand il émettrait ses derniers rayons, alors porté par la force Suprême, il pourrait alors être fier, car il aurait accomplit sa mission.

Conforté par ce sentiment, Peter sourit, et, lorsqu'il regarda le ciel rougeâtre, une intuition le poussa à se retourner... Son regard se dirigea vers la porte. Et celle-ci explosa.



John en avait marre, sacrément marre, il avait mal au crâne, tout le monde autour de lui se rongeait les ongles, le regardant avec un air de chien battu totalement pathétique, et cette bande d'imbéciles qui ne parvenaient pas à ouvrir cette putain de porte ! Il se retourna, et regarda la pseudo bande de professionnels de la technologie Ancienne, encerclée par la superbe équipe d'assaut de Lorne, tous équipés en mode noir de la tête aux pieds, McKay se serait bien foutu d'eux et de leur passion pour le noir s'il les avait vu là... Il claqua nerveusement des doigts, comptant un, deux, trois, et se dirigea vers l'équipe de schtroumpfs qui se bousculait devant la porte pour essayer de la débloquer.

« Dégagez, je veux plus aucun civil à moins de dix mètres de cet endroit, et que ça saute !! »

« Mon Colonel ? »

« Je vais entrer. »

Stephen se demanda si Sheppard n'avait pas soudain un peu oublié le petit problème technique qui se présentait à eux.

« Monsieur, la porte est toujours bloquée, ils ont besoin d'un peu plus de temps. »

« Ne vous inquiétez pas Lorne, je vais la débloquer. »

Il voulait jouait à ça, il voulait jouer à qui est le plus fort, jouer à qui est le plus barge, alors très bien ils allaient jouer tous les deux, mais gare à celui qui allait perdre, car à ce jeu là John ne posait qu'une seule règle : Pas de quartiers.

« Je veux que vos hommes s'écartent, d'au moins deux mètres, je ne veux pas prendre de risque. »

Mais bon sang, de quoi parlait-il exactement ? Lorne douta une seconde, et demanda :

« Vous voulez la faire sauter au C4 ? »

Sheppard regarda son subordonné, et lui dit :

« La faire sauter, oui. Mais pas au C4. »

C'est là que sans trop savoir comment, Lorne avait tout de suite compris ce que Sheppard avait en tête. Avait en tête, oui c'était une jolie image pour exprimer ce qu'il comptait faire... Il n'aurait pas pensé ça possible, mais il avait lu la certitude dans les yeux de son supérieur, et il savait que s'il n'était pas sûr, jamais il ne prendrait de risque. Ni pour lui, ni pour son équipe. Ni pour elle.

Stephen fit se replier son équipe. Il ne doutait pas de Sheppard. Ni de sa colère.

Sheppard se mit devant la porte, le regarda une dernière fois, et posa alors son regard sur la porte. Il la fixa une seconde, puis deux, et alors que le reste de l'équipe se demandait ce qu'il fabriquait, la troisième seconde fut la bonne : La porte fut projeter à l'intérieur de la pièce, et s'il n'y avait eu aucun mur pour l'arrêter, ils auraient parié qu'elle aurait encore pu parcourir des kilomètres en plein air.

...

Il n'avait pas eu peur. Cela ne l'avait pas surpris. Il avait confiance en l'Elu, en son pouvoir, et cela ne l'avait absolument pas surpris... Un sourire s'était étiré sur ses lèvres, il se sentait si fier à présent. Il compta mentalement, un, deux, trois, quatre, et entendit les pas approchant. Bientôt, il vit la silhouette du Suprême dans l'entrebâillement de la porte. Celui-ci regarda la créature sur le sol, qui se réveillait peu à peu, puis le regarda.

Il sourit. Tendant les bras, un Beretta à la main, il dit naturellement :

« Maître, bienvenue. Bienvenue dans Votre Antre. »




John était tendu, il avait l'impression de trembler de tous ses membres. Il était déterminé, en colère, fatigué, il en avait ras le bol, il avait besoin d'une douche, de sommeil, d'un voyage tranquille en Jumper, d'une glace à la poire, d'un dînez en tête à tête avec la femme de sa vie, d'une nuit d'amour au clair de lune, d'une douche d'amour, d'un voyage tranquille en Jumper avec la femme de sa vie, d'une glace à la poire avec... enfin bref, quoi, il avait déjà commencé la liste de toutes les choses à faire après ça, en commençant sûrement par la nuit de sommeil, en fait...

Bon, fallait qu'il y aille, là, non ?

Il avait comme l'impression que son cerveau tournait au ralenti, sûrement que le bruit de la porte volant sur plusieurs mètres avant de se scratcher sur le mur lui avait un peu, disons, mit le cerveau en veille après lui avoir explosé les tympans... Ou c'était peut-être bien l'effort nécessaire pour faire dégager la porte, ah oui, sûrement ça, d'où la nuit de sommeil...

Okaaaay fallait peut-être qu'il se reprenne un peu, là, non ?

Il compta, doucement, un, deux, trois, quatre, et entra dans la pièce. Il chercha Teyla du regard, et la vit allongée à même le sol, entrouvrant les yeux. Puis il leva les yeux vers... Vers Peter. Le Docteur Grodin. Le psychopathe de service qui s'amusait à butter les trois quart de la cité parce qu'il lui semblait qu'ils étaient des adorateurs des Wraiths cherchant à obtenir la puissance des Anciens par le gène ATA.

Comment il était sensé l'appeler exactement ?

Et là, il tendit les bras, genre Jésus sur la Croix, mais avec un sourire plus psychopathique que jamais, et lui dit :

« Maître, bienvenue. Bienvenue dans Votre Antre. »

Maître ?

Son Antre ?

Okay.

Peu importe qui il était avant, ce type, là, juste devant lui, n'était rien d'autre qu'un mec totalement barge.




Teyla émergeait doucement de la bulle de coton qui s'était formée autour d'elle. Sa vue se stabilisait, et il lui semblait que les sons n'étaient plus des brouhaha. Elle n'était pas sûre, mais il lui semblait que John était là. Il savait qu'il viendrait... Cet homme, Peter, savait que John viendrait la sortir de là... Et c'est ce qu'il voulait, qu'il vienne... Il voulait que John vienne à lui, et sa volonté fut faite...




« Pourquoi ? »

C'est la seule chose que John réussit à prononcer, la seule idée cohérente qui lui parvenait à présent... Il n'avait pas de plan, il n'avait pas d'arme, pas de chance, et n'avait même pas l'effet de surprise de son côté puisque apparemment Grodin n'était pas étonné de sa présence.

Mais il avait une chose, et sûrement la plus précieuse.

Le lien.

« Les Humains... Les Humains demandent souvent pourquoi. Ils veulent toujours des réponses, ils veulent toujours connaître les causes, toujours avoir des explications. Comme des excuses pour atténuer leur désarroi. Jamais ils ne pensent qu'il soit possible qu'il n'y ait pas de raison, du moins pas de raison humainement explicable. C'est l'ordre des choses. La volonté des Ancêtres. Ce qui fait la puissance, c'est que jamais on n'a à expliquer ses choix. N'est-ce pas ? » affirma calmement l'homme.

John s'apprêtait à répondre à ce fumier qu'il n'était pas spécialement d'humeur à philosopher sur l'Humanité et qu'il pouvait aller se faire voir, quand une voix se fit entendre dans son oreillette.




# John, ici Kate. Surtout, soyez prudent. Ne dites ou ne faite rien qui pourrait le provoquer, on a aucune idée de la manière dont il réagirait à ça... #

Génial, la magie des caméras et des micros, merci aux bleuets qui devaient avoir établi une connexion directe entre le gymnase et l'extérieur du périmètre de sécurité grâce à leurs petits ordinateurs...

« Je ne vous demande pas vos raisons. Simplement votre but. »

L'homme face à lui sourit sagement, et répondit :

« Mon but est notre but à tous, Maître. Supprimer les démons de ce monde et libérer les Innocents de leur oppression. Je vous en prie, ne doutez plus Monsieur, que je sois votre plus fidèle serviteur. »




# Sheppard, ici Daniel. Il nage en plein délire, je crois qu'il vous prend pour une divinité ou pire pour un ancien. Mettez toutes les chances de votre côté et agissez comme tel ! #

# Vous plaisantez ?! John, surtout pas, ça serait de la folie ! N'entrez pas dans son délire, ramenez-le à la réalité. Ca pourrait s'avérer dangereux ! #

# Réfléchissez, la vérité pourrait ne pas lui plaire, et qui sait ce qu'il ferait alors ! #

# Je connais mon métier, je vous en prie ! John, ne... #

Non de Dieu ! Ils allaient pas la fermer ces deux là, comme si c'était le moment de lui hurler dans les oreilles avec le foutu mal de crâne qu'il avait ! Il détacha son oreillette et la jeta rageusement un peu plus loin, sous l'oeil attentif de son disciple.

Il ne jouait plus. L'Elu ne jouait plus. L'heure était venue.




John regarda Peter dans les yeux, se retenant d'adresser le moindre regard à Teyla, sous peine de sauter au cou de ce salopard... Comment n'avait-il pas pu comprendre tout ça avant ? Il avait fallu en arriver là ? Mettre en danger la vie de la femme qu'il aimait ?

Il avala sa salive, et dit d'une voix un peu tremblante :

« Sasha n'était pas une menace... »

« Sasha n'était plus !! » cria soudainement l'homme face à lui. « Ils nous l'ont prise. Ils lui ont ôté son âme. Sasha était trop faible, elle n'a pas compris le danger, et cela l'a menée à sa perte. Ce sont eux qui l'ont détruite. »

« Bon sang, Peter, vous l'avez tuée !!! Elle avait confiance en vous, et vous l'avez tuée ! » explosa-t-il.

« Non !! C'est faux. Peter n'existe plus ! Peter appartient au passé, son âme s'est élevée car sa mission était achevée ! Il ne se sentait plus capable d'affronter à nouveau le Malin. En son corps, seul moi subsiste, moi votre allié, et bras droit, Ellean. Et j'ai, Maître, accompli ma mission, comme le voulait votre grandeur. J'ai mené le Mal ici, elle qui avait infiltré votre Maison. A présent, sa vie ne tient plus qu'à votre impatience. »

La folie de ce type le dépassait, il ne comprenait pas comment il pouvait en être arriver là, assassiner tous ces gens, tuez la femme même qu'il aimait, prendre des vies et prendre du plaisir à le faire...

« Mon impatience ? Jamais je ne t'ai dit de tuer ces gens ! »

« Les gens n'étaient plus ! Seuls les démons subsistaient, et je n'ai fait que libérer nos Terres de leur emprise... Maître, je vous en prie, vous savez ma foi en votre pouvoir, pourquoi remettre en doute ma confiance en vous par ces pièges apparents ? »

Il ne... John le détailla du regard, et compris alors une chose. Il était dans l'erreur... Ce n'était pas de la cruauté, c'était... C'était juste l'impression de... de faire le bien ?

Il... Il avait tué tous ces gens en pensant faire ce qu'il fallait...

Et la seule chose qui lui venait à l'esprit était,

Par Les Dieux...

« Ce n'est pas une question de confiance... Tu t'es trompé, Peter... »

« C'est faux... »

« Tu t'es trompé !! » hurla Sheppard. « Tu as fait une erreur. Ce n'était pas le message, Peter... » prononça-t-il, à bout de force.

« Bien sûr que si... Vous... ...Le Suprême se leva et annonça haut et fort, que sur tout son Royaume à jamais les Démons seraient traqués, et que leur destruction s'effectuerait sans question, pour la liberté des Innocents... »




A l'extérieur, les autres écoutaient attentivement la conversation hors du commun...

« C'est un mythe... Cette phrase, elle vient d'un mythe, d'une légende Ancienne... » dit Daniel.

Elizabeth regarda Kate... Si la folie avait pris possession de l'homme, elle ne pensait pas que c'était à ce point...




« Tu t'es trompé... Tu n'as pas compris les écrits, Peter, tu t'es trompé... Les Démons n'étaient pas ceux que tu croyais... Tu as fait une erreur, tu m'entends, tu as... Tu as fait une erreur... »

« Mais... Mais Maître... » dit-il, de plus en plus perturbé. « A la nuit tombée, alors, l'Elu accorda à ses serviteurs le pouvoir, celui de la vie absolue, et ils gravirent alors ensemble les marches vers le Suprême, fiers et heureux d'avoir vaincu à jamais les Démons... » cita-t-il à nouveau, comme pour se rassurer.

« Jamais l'Elu n'a demandé de prendre la vie... »




Lorne, en place avec son équipe, observait comme les autres ce qui se passait sur un ordinateur portable. Grodin était de plus en plus agité, il se mettait à marcher, tourner en rond en faisant des gestes désordonnés, son arme à la main... Il fit un signe à ses hommes, et ils commencèrent à s'approcher du gymnase. Se postant de part et d'autre de la porte, ils allaient entrer.




« Mais... » commença le jeune homme, les larmes aux yeux. « Alors, j'ai... J'ai fait une erreur... »

« Peter... »

« Par les Ancêtres, j'ai... »

« Peter ! Ce n'était pas de ta faute... »

« Je suis damné, mon âme, condamnée à errer... »

« Peter, je t'en prie... Ce n'est pas obligé de se terminer comme ça... Donne moi ton arme... » demanda John en lui tendant la main. Ce qu'il ressentait... Ce qu'il ressentait n'avait plus de limite. Il se sentait comme perdu, comme si quelque part au fond de lui se trouvait un trou noir aspirant toutes pensées cohérentes et ne laissant plus que le désespoir... Mais il savait que ce n'était pas vraiment lui, qui ressentait ça...

« Mais ensuite... » s'enquit Peter, effrayé.

« Ensuite, nous gravirons les marches, Peter. Ensemble, nous les gravirons... » promit John.

Peter regarda alors l'Etre Supérieur dans les yeux, et s'approcha doucement de lui.

John fixait le moindre mouvement de son interlocuteur. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire, mais pourtant il avait comme... confiance...

Il était tout près de lui, et le regarda profondément dans les yeux, recherchant l'espoir. Il leva lentement le bras, et lui tendit l'arme qu'il tenait dans la main.

John déglutit, et prit doucement le pistolet des mains de Peter.

Et arriva une chose à laquelle jamais il ne se serait attendu à ce moment précis.

L'équipe de Lorne débarqua dans la salle, ordonnant de se mettre à terre en pointant l'autre de leurs armes. C'est alors que l'homme s'écroula au sol, l'entraînant dans sa chute, le serrant tellement fort dans ses bras qu'il se demandait encore comment il pouvait trouver l'air.

Etonné par cette soudaine étreinte, John ne trouva rien d'autre à faire que de serrer dans ses bras l'homme désespéré, qui suppliait le Suprême de lui accorder son pardon...

« Ne tirez pas ! » ordonna-t-il par instinct à ses hommes, tandis que Peter priait toujours les Ancêtres de lui pardonner ses pêchés...

La dernière chose qui vint à John, avant qu'on ne retire Grodin de ses bras, fut un murmure :

« Je te pardonne, Peter... Je te pardonne... »




Tout s'était passé rapidement, et il avait à peine réalisé quand l'équipe de Lorne avait amené Grodin hors de la pièce, et que les infirmiers lui administraient un sédatif tandis que Carson vérifiait l'état de santé de Teyla.

Teyla...

Toujours les genoux au sol, John ne se soutenait plus que par la force de ses bras. Il leva la tête, et chercha Teyla du regard. Elle était là, à moins d'un mètre de lui, l'observant... Ses paupières se faisaient lourdes, il se sentait épuisé, harassé... Adressant un dernier regard à Teyla, pour s'assurer qu'elle allait bien, il ferma doucement les yeux, et sombra dans l'inconscience...

...

Dans l'infirmerie, c'était le calme plat. Le calme après la tempête, en fait.

Teyla ressentait encore les effets du sédatif, mais ils s'estompaient au fur et à mesure. Sheppard avait perdu connaissance, sans que Beckett sache vraiment pourquoi. Fatigue physique, nerveuse, surcharge cérébrale, enfin, ce n'étaient que des hypothèses. En tous cas, cela faisait plusieurs heures qu'il dormait profondément. Carson se demandait malgré lui si ça n'avait pas un lien avec les calmants qu'il avait donné à Peter, pour le contrôler. Ils n'avaient pas à disposition de chambre aux murs capitonnés, de camisole de force et tout le parfait équipement de l'asile psychiatrique, alors ils s'étaient contentés de sédater Peter, pour éviter qu'il fasse du mal, aux autres ou à lui-même. Il avait été décidé que Kate ferait le voyage de retour avec le Daedalus, pour amener Grodin dans un centre spécialisé, où il recevrait tous les soins nécessaires à -- Il aurait aimé dire, à sa guérison... Mais il ne fallait pas se voiler la face. La pathologie dont l'homme était atteint restait à présent incurable, du moins pour les Terriens ; la seule chose qu'ils pouvaient lui offrir, c'était un traitement pour le reste de sa vie, qui lui offrirait des phases de lucidité de plus en plus grandes au fil des mois... Ce qui était certain, c'est que les premiers temps ne seraient certainement pas simples. Lorsqu'il était passé le voir pour renouveler sa dose de calmant, Peter était sorti de son sommeil, et il était, presque, comme avant... Il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé, son cerveau avait absolument refoulé tous ces jours de souffrance et de peine qui venaient de s'écouler. C'était le schéma classique, la rémission de l'homme bien devenu fou, mais la rechute et le retour de ces souvenirs abominables ne seraient que plus douloureux, il le savait...

Le médecin soupira. Il avait du mal à croire que tout cela était bel et bien terminé... Mais ce qu'il savait, c'est qu'un psychiatre de plus ne serait pas de refus sur Atlantis, car cette période de crise allait laisser des séquelles dans la mémoire de chacun.




John se tient debout, face au miroir. Son visage est calme et reposé, et dans ses yeux on trouve toujours l'étincelle de malice habituelle. Les sourcils froncés, il essaie de nouer cette fichue cravate, sans pourtant y parvenir, comme à chaque fois.

Il entend la porte s'ouvrir derrière lui, et Teyla entrer dans la pièce en lui demandant :

« Tu es bientôt prêt, on va être en retard ! »

Il se tourne vers la jeune femme, et baisse les bras d'un air désespéré, avec une mine qu'elle trouve particulièrement craquante. Lui adressant un sourire, elle s'approche de lui, et se charge de la cravate de son fiancé. Se regardant une dernière fois dans le miroir du coin de l'oeil, il sourit d'un air satisfait, et remercie Teyla d'un baiser sur les lèvres.

Ils arrivent tout juste dans le hangar à Jumper, quand une tornade rousse saute dans les bras de John :

« Oncle Johnny, Maman a dit que si on arrivait en retard, elle t'arracherait les cheveux ! »

« Oh... Alors si ta Maman a dit ça, il vaut mieux qu'on se dépêche ! »




Arrivé sur le pas de la porte, il pense « verrouillage ». Il dépose la jeune femme sur ses jambes, en l'embrassant, et murmure à son oreille :

« Bienvenue chez vous, Madame Sheppard... »

Il sent sa main se glisser dans ses cheveux, et ses lèvres capturer les siennes, d'abord tendrement, puis avec engouement.

Au bout de quelques pas, il bascule sur le lit.




Il est là, allongé sur le lit. Seul dans sa chambre, il fait face au plafond. Il ferme les yeux.

Il sourit, se remémore, sa voix, ses murmures, la douceur de sa peau, ses lèvres, ses baisers, leurs amours embrasées...

Et pourtant une sensation l'emporte, désagréable sentiment, comme si quelqu'un était là, dans la pièce, comme si quelqu'un l'observait... Comme si quelqu'un, au dessus de lui, s'approchait, comme si, quelqu'un, était là, tout près... Comme s'il était là...

John ouvrit les yeux en sursaut, incapable de bouger le moindre membre. La seule chose qu'il ressentait étaient les battements de son coeur, tellement fort qu'il se demandait si sa poitrine n'allait pas exploser, et si sa respiration, si saccadée, n'allait pas finir par s'arrêter. Au dessus de lui, il n'y avait qu'un plafond blanc, qu'il voyait sans voir, avec cette terrifiante impression de manquer d'oxygène.

Brusquement il se redressa dans son lit, se tenant aux barres métalliques sur les côtés, et reprit une inspiration, qui lui fut tellement douloureuse qu'il crut en crier la brûlure. Mais quand dans sa tête la souffrance s'exprimait comme le hurlement sans fin d'un animal aphone, aucun son ne parvint jusqu'à ses lèvres.

Quand tout se dissipa peu à peu, il reconnu la douleur de la perfusion arrachée à son bras, et la blancheur du lieu où il se trouvait, encore une fois. L'infirmerie.




John était assis dans son lit d'infirmerie, les jambes ramenées contre son torse. Il n'avait pas dit un mot depuis qu'il s'était réveillé, il ressentait comme la sensation que ses cordes vocales étaient brisées, et que même s'il essayait de dire quelque chose, les mots de franchiraient pas la barrière de sa bouche. Au début, il avait eu du mal à se rappeler ce qui s'était passé, mais à force d'y penser, tout était devenu plus clair. Les évènements des derniers jours tournaient en rond dans sa tête, comme s'il n'avait pu en tirer aucune finalité, comme s'il n'arrivait pas à se dire que c'était enfin terminé. Tellement de mal à se dire qu'il n'y avait pas de coupable... Juste des victimes.

Le son de pas lui fit relever les yeux, vers la visiteuse qu'il n'espérait même plus recevoir.

« Bonjour. » dit-elle d'une voix incertaine.

C'est à peine s'il réalisait qu'elle était là, dans la pièce, juste en face de lui, qu'elle était, saine et sauve... Et qu'elle acceptait de le voir.

Teyla fit quelques pas et avança vers le lit. Il semblait perdu, et dans ses yeux elle lisait un air hagard qu'elle n'avait jamais vu auparavant.

Elle posa une main sur la sienne, comme le priant de lui dire quelque chose.

Il la regarda et chercha dans ses yeux les mots qui lui manquaient :

« Tu me pardonneras ? »




A ces mots, elle avait cru entendre son coeur s'arrêter. Comment aurait-elle pu lui en vouloir de quoi que ce soit ?

Elle n'avait pu que s'asseoir sur le lit, poser une main sur sa joue et maintenant elle le tenait dans ses bras, tellement près qu'on aurait pu croire que leur survie en dépendait.

« Rien de tout ça n'est de ta faute. Tu as fait ce qu'il fallait...Tu m'as sauvée. Encore. » dit-elle les larmes aux yeux, esquissant un sourire.

Elle vit ses lèvres trembler, et il lui murmura simplement :

« Il faudrait pas que ça devienne une habitude... » (23)

Elle hocha la tête un léger sourire sur les lèvres, et l'attira contre elle : « C'est promis. »

Respirant l'odeur de son parfum, il lui demanda :

« Alors, tu vas bien ? »

Elle posa son front contre le sien et répondit :

« Oui. Je vais bien... Il ne m'aurait pas fait de mal, tu le sais. »

« Oui... Oui, je le sais... »

Qu'importent les convictions qu'il avait pu avoir, ancré dans sa folie, intérieurement John savait que jamais Peter n'aurait fait de mal à Teyla. Sheppard avait ressentit la douleur, le désespoir et le renoncement à la mort de Sasha, comme s'il avait connu cette femme, comme si elle avait été pour lui autre chose qu'un nom sur un dossier. Quelque chose subsistait de Grodin, et ce quelque chose avait manqué de s'autodétruire quand il avait tué Sasha... Mais ce quelque chose l'avait aussi empêché de faire du mal à Teyla... Empêché de faire souffrir son alter ego, quand la douleur leur était commune...

« Est-ce que j'ai dormi longtemps ? »

« Plutôt, oui. Quatre jours. »

« Qu-quatre jours ?! »

« Carson a dit que tu avais besoin de sommeil. Tu n'étais pas dans le coma, tu étais juste, endormi. »

« Wow... Et, et Rodney, comment il... »

« Il va bien, ne t'inquiète pas. Il a repris ses forces, et il est redevenu aussi adorable qu'avant ! »

« Adorable, tu dis ? »

« Ne sois pas jaloux... » sourit-elle. « Elizabeth doit être en train de leur expliquer qu'il est encore en vie... »

« Ouh, j'aimerais pas être à sa place. »

La jeune femme sourit, et le regarda tendrement.

« Quoi ? » s'intrigua-t-il.

« Rien... » fit-elle dans un murmure, avant de s'approcher lentement de lui, et de capturer ses lèvres avec douceur. Alors qu'elle s'apprêtait à se détacher de lui, il passa une main sur sa joue, puis dans sa nuque, il amplifia le contact comme si c'était le signe qu'ils étaient tous les deux bel et bien en vie.

Les yeux toujours fermés, il savourait leur amour alors même que Teyla avait interrompu le baiser.

« Il me semblait avoir dit qu'il avait besoin de repos, non ? » fit une voix avec un accent à couper au couteau, facilement identifiable à celle du maître des lieux.

John se rapprocha de Teyla, et glissant ses bras autour de la taille de sa compagne, il nicha son nez au creux de son cou en murmurant :

« Mais, je me repose... Je me repose... »

...

Notes de l'auteur :

(23) J'espère que vous vous rappelez Rising...

Après une longue hésitation, Elizabeth passa timidement le rideau de séparation, et demanda :

« Est-ce que je te dérange ? »

Rodney, assis en tailleur dans son lit d'infirmerie, leva le nez de son ordinateur portable :

« Non. Non, bien sûr que non. »

« Je vois que tu t'es déjà remis au travail. »

« Oh tu connais Zelenka. Quelques jours seul aux commandes, et c'est l'anarchie ! Enfin... Voila... »

« Je suis contente de voir que ça va mieux. Je vais, je vais te laisser travailler, d'accord ? On se voit plus tard... »

« Lizzie, attends ! »

Il s'arrêta et chercha ses mots.

« Je... Je crois que... Qu'on pourrait, discuter, non ? »

Elizabeth lui sembla légèrement étonnée, mais ne répondit rien, attendant ce qu'il avait à lui dire.

« Je suis un imbécile. »

Elle tenta de retenir un sourire, et dit :

« Je ne l'aurais sûrement pas dit comme ça, mais... »

« Je suis désolé. Pour tout... pour tout ce que j'ai dit... Je... Je ne le pensais pas, et pire, j'ai... Je suis pas d'accord. Je veux pas, je veux pas qu'on... qu'on continue à se ruiner comme ça, alors que le ciel peut nous tomber dessus d'un moment à l'autre. Je... t'aime. Voilà, oui, voilà c'est dit, et, et franchement, et bien, si tu, si tu veux qu'on continue à se détester, et bien, d'accord, mais au moins, hmm... »

Le scientifique fut coupé dans sa tirade par un baiser... dont il avait longtemps rêvé.




Laura pénétra dans l'infirmerie, avec un air à faire fuir un commando Genii. Elle était en colère. Très en colère ! Elle chercha du regard la cible, et quand elle la trouva, ne la lâcha pas des yeux.

Sentant un regard insistant, Carson leva le nez de son dossier, et vit Laura arriver d'un pas vif.

« Chérie, est-ce que ç... »

« Je ne veux pas t'entendre ! » cria-t-elle, en le giflant.

L'Ecossais, qui réalisait à peine ce qui venait de se passer, était légèrement effaré de son comportement.

« Comment tu as pu oser ?! Tu peux me le dire ?!! Non, mais comment tu as pu me mentir comme ça ?! J'arrive pas à le croire, tu es vraiment... Je te déteste, tu le sais ça, que je te déteste ?!! Mais réponds quelque chose, bon sang !! »

« Mais, mais enfin de quoi tu parles, je... »

« De-de quoi je parle ?!! J'arrive pas à croire que tu fasses l'innocent comme ça, alors que tu m'as sciemment menti, et que... »

« Uh. Bonjour Laura. » l'interrompit une voix.

La jeune femme tourna la tête, et trouva Elizabeth près d'un homme aux yeux bleus.

« Rodney ! » dit-elle soulagée, en serrant le scientifique dans ses bras.

« Uh, Laura, j'ai déjà frôlé l'asphyxie une fois, ne soyez pas responsable de la deuxième... »

« Oh, désolée, vraiment, euh... Ca fait plaisir de vous revoir, Rodney. »

« C'est ce que j'avais cru comprendre... Mais allez-y doucement, votre marabout va être jaloux... »

Carson croisa les bras, d'un air résigné. Laura se tourna finalement vers lui, et s'approcha pour l'embrasser :

« Tu as de la chance de l'avoir remis sur pieds ! »

L'Ecossais leva les yeux au ciel. Encore heureux que ces deux là ne se supportaient pas.




Ronon marchait dans les couloirs d'Atlantis, légèrement nerveux - et loués soient les Ancêtres que personne n'entendait ses pensées. Arrivé devant une porte, il la jaugea du regard, inspira profondément et frappa trois coups. Quelques secondes plus tard, quelqu'un vint lui ouvrir.

« Kelly. »

« Ronon... »

La jeune femme était plutôt surprise de sa venue. Cela faisait quatre jours qu'ils ne s'étaient pas vus. Quatre jours qu'il n'était pas venu la voir.

« Beckett m'a dit que vous étiez sortie de l'infirmerie. »

« C'est exact. »

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Il l'avait évitée ces quatre derniers jours, alors pourquoi était-il là, devant sa porte ?

« Il m'a dit où se situaient vos nouveaux quartiers. »

« Je vois. »

Elle aurait véritablement aimé le détester si son regard posé sur elle ne faisait pas battre son coeur un peu plus vite que la normale.

« Il m'a aussi menacé de diverses tortures, si je ne venais pas vous voir. »

Rectification, beaucoup plus vite...

« Oh... Et, alors ? »

« Alors, je suis là. »

Il lui sourit en la regardant dans les yeux, d'un sourire auquel elle ne peut résister. Elle y répond timidement, en se disant que peut-être, elle pourrait le faire entrer.

Après tout, il avait déjà la clé de son coeur. Alors autant le faire entrer dans sa vie.

...

John venait de passer les différentes grilles de sécurité, et arriva dans la salle commune. On lui indiqua l'homme qui se tenait devant la fenêtre, et lui demanda d'être bref.

John se dirigea vers l'homme et celui-ci se retourna et lui sourit :

« Colonel Sheppard ! Ca me fait plaisir de vous voir ! »

Il lui indiqua une chaise à une des tables ; John avala sa salive, et pris son courage à deux mains. Il se força à sourire, et répondit :

« Oui, moi aussi Peter... Alors, comment ça va ? »

« Tout va bien ! Les premiers temps ici ont été un peu difficiles, vous savez, le changement d'atmosphère, d'équipe, et puis de planète bien sûr. Je dois avouer que la vue sur la mer me manque un peu ! » sourit-il.

« Oui, je comprends. »

« Je crois pouvoir dire que le travail avance plutôt bien, on aura bientôt atteint notre but. »

« Vraiment ? » demanda Sheppard, étonné.

« Oui, en effet ! Vous savez, avoir Ellean dans l'équipe nous est d'une très grande aide ! » dit-il en indiquant l'homme au sourire bienveillant près de la fenêtre, que seul lui pouvait voir...

Le regard de John glissa vers le sol, peiné.

« ... Je vois... Je, je crois que je vais vous laisser retourner travailler, Docteur. »

« Bien, merci de nous avoir rendu visite en tous cas ! Oh, et, une dernière chose, monsieur... Vous savez, avec tous les médicaments qu'on doit prendre contre les radiations, à cause de ce fichu soleil, il y a des détails qui ne sont plus très clairs, et je... Je ne sais pas, j'ai le sentiment d'avoir oublié quelque chose, quelque chose d'important, au sujet de mon départ d'Atlantis... Est-ce que... Est-ce que le Docteur McKay va bien ? »

John prit une profonde respiration, et fit un sourire triste à celui qui était son ancien collègue :

« Oui Peter, oui... Il va bien. »

Le jeune homme acquiesça, et répondit d'un sourire sincère :

« Bien, alors je suis rassuré. Merci encore Colonel. »